19 mars 1998 La Grenade à 132km au N-O de l'île de Tobago

Nouvelles du bord

Surprise !! ...la liaison est établie sans problème

Caryl Lambert : Ca fait maintenant un mois sans nouvelles de vous. Tout va bien ?
René Bernard : Oui tout va bien, nous sommes toujours six à bord depuis Salvador de Bahia au Brésil. C'est vrai qu'on a beaucoup navigué depuis Salvador. On a eu une traversée dans des conditions bonnes pour la navigation mais éprouvantes car il faisait très chaud. On a beaucoup pêché. En particulier on a eu une magnifique dorade coriphène. J'en avais mal au coeur tellement elle était belle. Elle avait des couleurs avec des verts, des bleus, des argents... Quand je l'ai harponnée, c'était terrible. Mais après, c'était très bon. Et cette nuit nous sommes venus de Tobago à la Grenade, qui est la plus au sud des îles des Antilles, au large du Venezuela

Jacob : Comment va l'équipage du Saranaïa ?
R.B. : Tout le monde va bien. Nous sommes très contents d'être arrivés aux Antilles car nous avons devant nous trois semaines de croisière paradisiaque : Grenade, Grenadine, Saint-Vincent, Martinique, Guadeloupe, jusqu'à Antigua

Jacob : Quelle est votre place dans le classement de la course ?
R.B. : Au dernier classement, nous étions 13èmes de la course

Caryl : Où es-tu exactement ?
R.B. : Je suis à terre. J'ai essayé les deux dernières semaines de vous avoir par radio depuis le bord, mais ça n'a jamais fonctionné aux bonnes heures. On de peut avoir Berne Radio que le soir. Ici nous sommes au nord de la Grenade, dans une baie qui s'appelle Pritley Bay. Nous sommes à proximité de la capitale de l'île, qui s'appelle Saint-Georges. Mais ici il n'y a pas grand-chose, un poste téléphonique, une toute petite supérette et un petit chantier naval. Mais c'est très joli

Gary : Pouvez-nous nous parler de Tobago ?
R.B. : Tobago fait partie d'un petit pays qui s'appelle Trinidad et Tobago, en français Trinité et Tobago. Les deux îles sont très différentes. Trinité est une ville très active, très industrielle, trépidante, alors que Tobago est plus rurale. Nous n'y sommes pas restés très longtemps, mais nous avons loué des bicyclettes à Scarbourough, la capitale. C'est une toute petite capitale, de 15000 habitants sur les 50000 que compte Tobago. C'est une ville antillaise type avec des grands immeubles en béton comme on en voit partout, et aussi des vieilles maisons en bois, peintes de couleurs vives. C'est assez joli, mais aussi assez bruyant. Nous sommes allés dans les montagnes. Elles ne sont pas très hautes, environ 500m, mais les routes sont extrêmement pentues quand on est à bicyclette. Sur le bateau les jambes ne travaillent pas beaucoup, ainsi on se rattrape à terre

Gary : Quel temps avez-vous ?
R.B. : Le temps aujourd'hui est très beau, il souffle un alizé qui adoucit les températures. Il fait frais, c'est-à-dire 30°

Gary : Êtes-vous toujours enthousiasmé par le voyage ?
R.B. : Notre rêve est réalisé, dans quelques jours nous croiserons notre route de l'aller, on aura bouclé le tour du monde ! Alors maintenant on a un peu envie de de voir la magnifique fête à Lisbonne, puis retourner chez nous

Propos recueillis par les 4ème T du lycée Flesselles

Parlez-nous de... L'AMAZONE, UN FLEUVE SUCRÉ-SALÉ

Rencontre avec Eric Baran, du Labo d'écologie des eaux douces et grands fleuves de l'Université Lyon 1

Philippe : Est-ce que l'Amazone est encore un fleuve sauvage ?
Éric Baran : Oui, on peut bien sûr le qualifier de sauvage. Surtout c'est un fleuve gigantesque, mais relativement paisible

Philippe : Quand se produisent les crues ?
É.B. : C'est une question difficile. L'Amazone a un régime très complexe, lié à sa surface gigantesque. Certains de ses affluents sont dans l'hémisphère nord, d'autres dans l'hémisphère sud. Ils voient donc des saisons inversées. L'Amazone reçoit ces paquets d'eau de façon très irrégulière. Quand ils arrivent en même temps, les crues sont très importantes

Vincent : Comment vit-on dans les zones à risques ?
É.B. : Il faut garder à l'esprit que l'Amazone est cotoyée par seulement 3 millions d'habitants, dont la plupart sont dans les villes comme Manaos, Belem, et Quitos au Pérou. Pour le reste, il y a très peu de monde sur les berges. L'activité essentielle est la cueillette mais il y a très peu d'installations le long du fleuve

Lassen : L'Amazone est elle une réserve d'eau douce pour la planète ?
É.B. : L'Amazone charrie le 1/5ème de l'eau douce du monde. Elle est grande comme 150 fois le Rhône. Ces eaux sont de bonne qualité, elles sont presque partout buvables. Elles ne sont pas atteintes de parasitose, comme c'est souvent le cas en Afrique

Caryl Lambert : Pouvez-vous nous donner quelques chiffres sur l'Amazone ?
É.B. : Avec 6000km de longueur, c'est le 2ème fleuve du monde après le Nil. Le Rhône en fait seulement 812. À Quitos, il fait déjà 1,5km de large. À l'embouchure, il fait plus de 100km de large au niveau de la côte

Smail : Y a-t-il des risques de surexploitation ou de pollution de l'Amazone ?
É.B. : Actuellement non, car le fleuve est énorme et les hommes peu nombreux. C'est plutôt la forêt qui est menacée de surexploitation

Propos recueillis par les 4ème T du lycée Flesselles


Pointe à Pitre (Guadeloupe), le 2 avril 1998

Parlez nous de... LES PIRATES

Notre invité est Patrice Berger, chargé de communication au CNRS, qui a trouvé sur internet les réponses à toutes nos questions

Selim : Où cachaient-ils leurs trésors ?
P.B. : Si on s'intéresse aux Antilles, l'île de la Tortue était un grand repère de pirates, et la Jamaïque aussi

Selim : Avaient-ils tous les mêmes bateaux ?
P.B. : Ils n'avaient pas de bateaux particuliers. Leurs bateaux venaient des chantiers navals, et les pirates les prenaient en les attaquant. C'étaient des bateaux très rapides et assez petits. Les pirates étaient entassés dessus

Sophie : Les pirates étaient-ils riches ?
P.B. : Au départ les pirates étaient des gens pauvres, bannis de leur pays. Ils partaient pour les Antilles où certains d'entre eux devenaient pirates. Ils vivaient en partageant beaucoup les choses entre eux. Certains pirates célèbres ont fini très riches, par exemple Morgan est devenu un grand planteur, il s'est "rangé les voitures" comme on dit maintenant. Mais Roch Brasiliano a fini sa vie comme mendiant

Sophie : les pirates avaient-ils des femmes ?
P.B. : À bord des bateaux il n'y avait pas de femmes, les conditions de vies étaient très difficiles, ils vivaient entassés les uns sur les autres. Mais dans les îles où ils se cachaient, ils pouvaient avoir des femmes. Il y a aussi eu quelques femmes pirates célèbres

Nouvelles du bord

Caryl Lambert : Bonjour René, avez-vous envie de devenir pirate ?
René Bernard : D'un certain coté, oui, quand on voit ces îles magnifiques qui ont vu tant de navigateurs. Mais il y a quelques jours nous étions aux Saintes, on a vu un diorama sur la bataille des Saintes. Quand on pense que sur un bateau de 1300 hommes il y a eu seulement 100 survivants, ça fait réfléchir

C. L. : Où êtes-vous actuellement ?
R.B. : Nous sommes à Pointe à Pitre à la Guadeloupe. Nous sommes arrivés hier dans l'après-midi. Nous avons retrouvé les grosses chaleurs que nous avions un peu oubliées depuis Tobago. Nous n'avons pas eu le temps de visiter, nous venons de louer une voiture pour aller dans l'intérieur de l'île qui a l'air très verdoyante dans sa partie occidentale, très montagneuse, mais qui s'appelle curieusement Basse-Terre. Tandis que la partie orientale s'appelle Grande-Terre, et est plate

Florent : Est-ce que la ville où vous êtes est grande ?
R.B. : Je n'ai pas encore vu la ville, mais Pointe-à-Pitre est une des deux grandes villes des Antilles françaises, avec Fort de France à la Martinique. Toutes deux ont plus de 100000 habitants. La différence, c'est que Pointe-à-Pitre, bien que la plus grande ville de la Guadeloupe, n'est pas la capitale. C'est Basse-Terre, de l'autre côté de l'île

Nadia : Est-ce que l'île est belle ?
R.B. : Pour le moment, on ne l'a vue que de l'extérieur, du côté de Basse-Terre. De ce côté en tout cas, c'est montagneux et verdoyant, c'est très agréable. D'une manière générale, les Antilles sont très belles, si j'en juge d'après celles qu'on a déjà visitées. La Martinique est très verdoyante avec la forêt tropicale partout. Les Saintes au contraire, sont très arides mais les paysages sont d'une beauté grandiose. Les côtes sont extrêmement découpées, avec des baies partout. On a envie de s'arrêter dans chacune pour y passer la nuit. Mais faute de temps on n'a pu le faire que dans deux d'entre elles

C. L. : 18 mois, pour faire un tour du monde, c'est trop court ?
R.B. : Si on veut avoir le temps de visiter, oui, c'est trop court. Mais d'un autre côté, si on pense à la durée de l'absence, c'est un petit peu long

Florent : Qu'est-ce que vous mangez ?
R.B. : Tu sais, je ne vais pas te faire de surprises. Ici, on est dans un département français, et on trouve tout ce qu'on a en métropole. On ajoute juste quelques éléments exotiques, par exemple on a mangé un délicieux gratin de christophines. Les christophines sont un légume tropical qui ressemble un peu à une courgette blanche, et qui a un goût très très fin. Et pour les fruits, les plus courants et les moins chers sont les fruits exotiques. On a aussi goûté divers rhums, nous avons un barman professionnel à bord en la personne de Georges

C. L. : Peux-tu nous parler de la bataille des Saintes ?
R.B. : C'était en 1782. La flotte française était allée donner un coup de main aux Américains qui se battaient contre les Anglais. La flotte française avait battu les Britanniques, au large de la côte des États-Unis, et ça a été ce qui a donné leur indépendance aux Américains. Mais au retour la flotte de l'Amiral de Grasse s'est fait surprendre par ceux qu'il avait vaincus. La bataille a été très dure et les français ont perdu 6 bateaux, dont le bateau amiral, le Ville-de-Paris. L'abordage a été extrêmement sanglant

Propos recueillis par les CM1 de l'école Romain Rolland


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