Îles Marquises, le 11 avril 1997

Nos amies les bêtes

Le péponocéphale n'est pas le maire communiste d'un petit village en guerre ouverte contre son curé. Péponocéphale signifie, en grec, "tête de melon", et c'est le joli nom dont sont affublés d'étranges dauphins fréquents aux îles Marquises. Des dauphins encore peu connus, pourtant nombreux sur l'ensemble des mers du globe, qui se différencient des autres dauphins par leur organisation sociale. En effet, les péponocéphales vivent en petits groupes très unis, des "tribus" qui peuvent cohabiter, formant alors des groupes d'une centaine d'individus, ces fameuses tribus restant autonomes
Le dauphin "têtes de melon" est facilement reconnaissable à ses lèvres blanches, tranchant sur son masque noir. Il pourrait s'agir d'un leurre destiné au calamars, dont monsieur Dauphin est friand. En effet, le calamar, lorsqu'il chasse, émet une "lumière", qui lui permet de repérer ses proies. Les lèvres blanches réfléchissant la lumière, le calamar croit voir s'annoncer un poisson modeste, digne de constituer partie de son repas. Tant pis pour lui, et bon appétit à monsieur Péponocéphale

D'après Gérard Soury, in Dauphins en liberté, ed Nathan, 1996

Parlez-nous... des marins potiers

Îles Marquises. Brel. Gauguin. Gerbault. Connaissez-vous destination plus légendaire, plus teintée par les rayons d'un chaud soleil, que l'on oublie dans la beauté des eaux limpides ? Et je ne parle pas des douces Vahinés dont les colliers de fleurs peuplent nos rêves les plus moites... Mais soucieux de ne pas vous livrer ici, quelques divagations qui se rêvent poétiques, je vous parlerais plus académiquement d'histoire

Il y a 5000 ans, s'élançant du Sud-est de l'Asie, un peuple part à la conquête du Pacifique. Il faut imaginer ce que la navigation était à cette époque. Bien sûr, la première difficulté était d'ordre technique, mais ce peuple devait être maître dans l'art des courants, des étoiles et du vent. La seconde difficulté était beaucoup plus subtile. Il fallait affronter, lors des navigations, un monde inconnu et surnaturel. Peut-être considéraient t'ils les éléments comme leurs alliés, au lieu de les craindre et de n'oser les affronter
Ce peuple en tous cas a rendu service aux historiens, en essaimant sur leur passage de véritables signatures : leurs poteries. Ainsi, l'on peut assez facilement retrouver leur trace dans le pacifique, et comble de bonheur, dater assez précisément leur périple

En 25 générations, les marins potiers, partis du Sud-est asiatique, allaient découvrir sur leurs sommaires embarcations la quasi totalité du pacifique 
- La Nouvelle Calédonie (-1400 )
- les Samoa (-1000)
- les Marquises (200)
- Hawaï (400)
- Pâques (500)
- l'Amérique (1000)
- et enfin la Nouvelle Zélande (1100)

Rendons nous bien compte de l'importance de ces dates. Elles signifient l' abolition des distances et de la peur. Alors que Clovis n'était pas encore né, les polynésiens peuplaient Hawaï, après avoir accomplis depuis les Marquises plus de 3500 km, guidés seulement par les éléments. Au XVIII ème siècle, les européens notèrent que les navires polynésiens abattaient parfois 250 km par jour, une véritable performance pour l'époque

Reste quand même de nombreux mystères, dont le plus étrange : pourquoi les descendants des marins potiers ont ils cessés leurs conquêtes ? Qu'a pu freiner leurs navigations transocéaniques ? Les marins potiers ne nous ont pas encore tout dit...

D'après "Îles" Jean-Denis de Vigne, ed. Nathan, MNHN, 1997

Îles Marquises, le 18 avril 1997

Parlez-nous de... du Capitaine Haddock

Le capitaine Haddock est certainement le marin le plus célèbre, bien qu'il n'ait navigué que dans les yeux de millions de lecteurs. Rencontre avec l'un d'eux, tintinophile passionné, Jean-René Thevenet

Maud : De quand date la création du Capitaine Haddock ?
Jean-René Thevenet : Il apparaît pour la première fois dans le neuvième album de Tintin, en comptant Le Pays des Soviets, c'est à dire Le Crabe Aux Pinces d'Or. Depuis deux albums, Hergé avait besoin d'étoffer les aventures de son héros, pour preuve, la place importante que prennent les Dupont(d) dans les albums précédents. Cependant, Hergé a souvent dit qu'au départ, il ne pensait pas faire de Haddock un personnage secondaire

Caryl Lambert : De quand date la création du Capitaine Haddock ?
J-R T :

Caryl Lambert : Avait-il besoin de faire un "inverse" de Tintin, un personnage bruyant, tabagique et alcoolique ?
J-R T : Il faut noter à ce sujet que Haddock ressemble beaucoup à Milou. Il peut être considéré comme son double humain. Comme lui, il est coléreux, froussard et superstitieux. Pour exemple, dans Tintin au Congo, Milou casse un miroir et s'exclame "7 ans de malheur !". Haddock a la même réplique lorsqu'il brise une glace dans Le Secret de la Licorne. Au fur et à mesure que Haddock prend de l'importance, Milou parle de moins en moins

Caryl Lambert : De quand date la création du Capitaine Haddock ?
J-R T :

C L : Bien sûr, on ne peut oublier les insultes légendaire du Capitaine...
J-R T : Elles sont puisées dans tous les les domaines, floral, médical, linguistique... On peut citer catachrèse lorsqu'on emploie un mot au delà de son sens strict), anacoluthe (changement brusque de construction grammaticale), ophicléide (instrument de musique en cuivre, à vent et à clés, employé au XIXème siècle)

Reste une réplique d'exception prononcée dans le Crabe Aux Pinces d'Or écrit en 1941, où Haddock traite quelqu'un de Technocrate, alors que ce mot n'a que 3 mois d'existence

Au fil de l'écolo

En 1774, le capitaine Cook, navigateur et explorateur anglais, débarque aux îles Marquises
Après Cook, les premiers baleiniers et négriers y abordèrent, apportant avec eux maladies vénériennes, tuberculoses, grippes et autres maladies que l'Europe connaissait
Les négriers et esclavagistes ayant besoin de main d'oeuvre sur les îles à Guano (excréments d'oiseaux formant un très bon engrais naturel) et pour les plantations du sud de l'Amérique) ils capturaient leurs victimes en leur faisant des promesses de vie meilleure, et les vendaient ensuite au plus offrant
Les chiffres témoignent du nombre de marquisiens qui furent soit déportés en tant qu'esclaves, soit tués sur place :
- en 1774, lors de l'arrivée du premier explorateur, le capitaine Cook, la population est estimée à 50000 habitants
- en 1794, il ne restait plus que 5000 habitants
- actuellement, il y aurait environ 7000 habitants

Outre le massacre et l'extermination des indigènes marquisiens, les cétacés (baleines et autres rorquals) subirent également la cruauté et l'appétit de l'homme occidental dit civilisé
Le premier baleinier à pénétrer à l'intérieur du Pacifique fut l'Amelia, un navire armé par les anglais en 1789
Les bateaux étaient équipés pour des navigations de longue durée et fondaient la graisse à bord, ce qui représente environ 30 tonnes par animal. Parmi les cétacés pourchassés, les cachalots aux précieuses dents d'ivoire, dont la poche crânienne recèle une énorme quantité de blanc de baleine, huile très pure particulièrement recherchée à l'époque
La chasse était pratiquée au harpon à partir de petites embarcations et consistait à fatiguer l'animal jusqu'au coup final. Cette chasse pouvait durer plusieurs heures et entraînait beaucoup de souffrance à l'animal
Ce grand massacre a entraîné la disparition de plusieurs espèces de cétacés, sans pour autant enrichir les polynésiens

De nos jours les cétacés, protégés par des textes internationaux, réapparaissent dans les eaux du pacifique. Toutefois, LA VIGILANCE S'IMPOSE car de nombreux pays tel la Norvège et le Japon souhaitent reprendre la chasse à la baleine

Jocelyn Perret

Pour plus d'informations, et/ou pour aider les opposants a la chasse au cétacés :
Réseau Cétacés (Association Loi 1901) 5, Rue Sylvine Candas – 92120 Montrouge
06.51.05.11.64 – courriel - site


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