Si le Saranaïa vient de quitter la Polynésie, Jocelyn Perret choisit, lui, d'y rester le temps d'un article
Mururoa fait partie de l'archipel de la Polynésie Française. Cette île doit sa notoriété internationale aux nombreux essais nucléaires souterrains qui s'y sont déroulés. Face à ces essais, de nombreuses protestations se sont élevées. Greenpeace, l'organe militant écologiste, mais aussi de nombreux scientifiques se sont dressés contre ces explosions souterraines qui fragilisent la croûte terrestre et qui libèrent également de fortes doses de radioactivité dans l'atmosphère et dans l'océan. C'est pour ces raisons que nous devons demander l'interdiction des armes nucléaires qui représentent un danger pour l'humanité toute entière
Les problèmes de radioactivité ambiante représentent ce à quoi nous devons être
attentifs. Pour la détecter, nous utilisons généralement un compteur Geiger qui permet de détecter les ondes gamma,
bêta ou alpha. Ces ondes sont issues de la dégradation d'éléments chimiques appelés isotopes. La
dégradation du noyau s'accompagne d'émission de rayonnements
A l'état naturel, il existe des éléments qui génèrent une radioactivité plus ou moins
importante. Par exemple, dans certaines grottes calcaires en Ariège ou dans l'Hérault, on enregistre 10 impulsions en 30 secondes.
Sur des terrains calcaires, granitiques ou volcaniques, on peut obtenir 20 impulsions, et sur des zones proches de gisements uranifères,
les niveaux vont de 30 à 50 impulsions.
Il n'y a pourtant pas lieu de s'alarmer. Ces doses sont sans conséquence sur l'environnement et
la santé de l'homme. C'est lorsque ces niveaux sont situés bien au delà de 50 impulsions en 30s. que les taux sont
considérés comme dangereux
Il existe plus près de nous de nombreuses sources de radioactivité. Prenons l'exemple d'un réveil dont les aiguilles sont imprégnées
de radium 226 : au contact direct de celui-ci, on obtient une moyenne de 200 impulsions. Il est déconseillé de dormir
l'oreille contre ce réveil. De la même façon, certains champignons concentrent le césium 137, il est dangereux de les consommer
Pas d'affolement, mais de la vigilance... et pour cela, vous pouvez par exemple contacter la CRII-RAD
à Valence qui se charge des analyses, ainsi que la maison de l'écologie qui loue des compteurs
Geiger
Cette semaine, le Saranaïa II se trouve aux îles Fidji
René Bernard : Bonjour tout le monde. Nous sommes depuis hier matin à Sava, la capitale de la République des îles Fidji. Cette ville de Mélanaisie est une ville moderne, assez européanisée. La traversée depuis les Tonga a duré trois jours et nous comptons rester quinze jours aux Fidji pour naviguer tranquillement et profiter de la mer de corail
Caryl Lambert : Je te passe tout de suite Nina, élève en CM1/CM2 de l'école Jules Verne
Nina : Combien êtes vous à bord en ce moment ?
R.B. : Nous sommes actuellement 5 équipiers, Yves nous ayant quitté hier
Nina : Comment allez-vous ?
R.B. : Nous allons bien, merci. Très bien même puisque personne n'est malade à bord, le
moral est au beau fixe et les îles Fidji sont très belles.
Malheureusement, c'est parait-il un hiver exceptionnellement humide
que nous vivons en ce moment puisqu'il pleut quasiment tous les jours. Il ne fait pas froid mais le ciel reste gris et le thermomètre
indique 25deg.C. Il est minuit ici, mais je suis en T-shirt. Malgré tout ça, cette saison est préférable
à l'été où il fait très très chaud, entre 35 et 37deg.C
Nina : Que regrettez-vous le plus de la France ?
R.B. : D'abord, c'est bien sûr tous les gens qu'on a laissé, les proches, les amis, la famille.
Et puis il y a aussi ce sentiment d'isolement, de ne plus avoir de contact avec ceux qu'on aime et d'être coupés de
l'information. Pour l'exemple, ici à Sava se trouve un bureau de l'Alliance Française où nous nous sommes
précipités pour lire les journaux français
C.L. : Comment vont les autres équipiers de Saranaïa, comment vivent-ils leur tour du monde ?
R.B. : Tout le monde se porte bien du point
de vue de la santé et du moral. Pierre a eu une arrivée un peu chaotique à Sava puisqu'il s'est fait voler son
portefeuille. Mis a part cette mésaventure, nous ressentons tous un peu cet isolement, cet éloignement...
Nous ne sommes quand même pas à plaindre, nous découvrons
chaque semaine une nouvelle île, un nouveau pays, de nouvelles personnes, et c'est plus qu'agréable !
C.L. : Vous vous rapprochez de la grande barrière de corail. Comment abordez-vous les récifs ?
R.B. : C'est vrai que c'était une de nos angoisses... La journée, les coraux sont visibles
puisque l'eau change de couleur et les vagues déferlent sur les bancs. La nuit, c'est beaucoup plus difficile. On utilise
le GPS et les cartes, mais celles-ci sont plus qu'approximatives. Lors de notre traversée des Tonga à ici, la carte
indiquait foule de récifs mais de petites légendes
nous indiquaient que tel ou tel banc était en fait indiqué ailleurs, plus à l'est ou plus à l'ouest. En bref,
il faut faire très attention. En plus, la région est très volcanique,
et nous avons une liste nous indiquant une cinquantaine de récifs apparus depuis la dernière impression des cartes
C.L. : Quelques détails sur l'endroit d'où tu nous appelles...
R.B. : Je suis installé au comptoir du bar du yacht club de Sava, un bar tout à fait comparable
aux bars européens. Il faut se rappeler que les Fidji ont très longtemps fait partie du Commonwealth. Seule différence
notoire, les serveurs sont vêtus d'une chemise et d'une jupe bleu marine, et tout l'équipage est d'accord avec
moi pour les juger très élégants
C.L. : Bon vent à vous...
Six mois jour pour jour que Saranaïa a quitté le port de Lisbonne et, par un heureux hasard,
dernière émission en période scolaire
Des nouvelles du bord quelque peu étriquées pour laisser place à un dialogue plus important entre
les enfants d'ici et René Bernard toujours aux îles Fidji
René Bernard : Tout va très très bien, cette semaine nous sommes beaucoup restés à Sava, et nous avons même participé ce samedi à la fête de la musique organisée par l'Alliance Française. Une bonne soirée qui nous a permis de faire connaissance avec le 1er secrétaire de l'ambassade de France qui, après un pot à bord de Saranaïa, nous a offert un excellent repas chez lui, notre meilleur repas depuis le départ. Nous avons quitté Sava hier matin (3 juillet) après avoir rempli les nombreuses formalités et fait quelques courses, pour rallier Beka, un îlot au Sud des Fidji, réputé comme haut lieu de plongée sous-marine. Nous n'avons pas plongé car il nous fallait trouver un endroit d'où vous appeler. Nous nous trouvons donc sur un minuscule îlot privé et je suis dans un grand hôtel luxueux. Cet îlot semble être celui des milliardaires !
Karine (CM1) : Qu'avez vous réparé ?
R.B. : Cette semaine la frayeur est venue de l'arbre d'hélice qui a failli se détacher. À part ça, le bateau va bien
C.L. : Voici maintenant un message surprise, enregistré par une classe qui ne pouvait assister à l'émission
- "Tout d'abord, nous avons une pensée pour Paul qui a été hospitalisé. Voici ce que nous avons
retenu des émissions auxquelles notre classe a participé : Gauguin et Brel ont passé la fin de leur vie aux Marquises,
nous pouvons reconnaître plusieurs tableaux de Gauguin, et nous connaissons bien la vie de Christophe Colomb. Et vous,
quel est votre meilleurs souvenir ?"
R.B. : J'en ai déjà un peu parlé la semaine dernière. Cela reste la Polynésie.
Personnellement, je garde un merveilleux souvenir d'un petit atoll, "Aé", au Tuamoutou. Là-bas vivent 350 personnes, sans télévision, sans téléphone.
Ils ont 3 voitures dont on ne connaît pas l'utilité, et sont extrêmement attentifs et bienveillants envers les
"visiteurs". Je garde le souvenir d'une jeune fille, Féa, qui ne comprenait pas pourquoi nous ne restions que
2 jours alors qu'en général les touristes s'installent plusieurs semaines. Il est vrai que j'aurais aimer rester plus longtemps. Ce sera pour le prochain voyage !
Léa : Ecrivez-vous votre journal de bord tous les jours ?
R.B. : Nous tenons le journal "officiel" technique tous les jours. Le journal que je vous envoie n'est
pas écrit quotidiennement mais de façon régulière pour garder les événements frais en mémoire
Sabri : lisez-vous beaucoup ?
R.B. : Oui, énormément. Notre bibliothèque compte environ 200 ouvrages dont bien sûr
un certain nombre de livres techniques et de récits de navigation, Moitessier et les autres. Par exemple, je suis en
train de lire "Les conquérants", de Malraux, après avoir terminé un Hemingway. Chacun doit lire
au moins 2 livres par semaine
C.L. : Nouvelle surprise, j'ai un peu de poésie à te faire entendre
R.B. : Merci cédric, très joli poème
C.L.: Cédric parlait du bruit des vagues. Les bruits du bateau sont très importants...
R.B. : Oui, bien sur. Débutons par les bruits agréables, dont le plus beau est sans doute l'eau contre la coque, par une belle nuit, bien installé
dans sa couchette... Moins agréable parce que parfois gênant, le vent lorsqu'il siffle dans les haubans, ou les drisses qui claquent. Souvent, le bruit nous prévient et on va vérifier
les pièces à chaque son anormal
C.L. : Encore une surprise : des élèves de l'école qui nous ont confectionné une charade
R. B. : Je pense avoir trouvé. Je crois que c'est l'endroit où je vais aller dormir ce soir...
C.L. : Voici une question qui intéresse peu les enfants mais beaucoup les parents : que buvez-vous à bord ?
R. B. : R.B. : Beaucoup d'eau pour ne pas se déshydrater, et puis surtout de la bière, tout simplement parce qu'on
en trouve partout. Bien sur, on essaie de découvrir les vins, mais ils sont souvent soit trop chers soit médiocres.
À noter aussi les rhums, présents mais très différents des Antilles à Tahiti. Ici aux Fidji existe le "Cava",
une boisson concoctée à partir de racines, dont la principale vertu est de vous faire dormir. Nous n'avons pas
essayé, mais ceux qui y ont goûté sont rentrés effectivement assommés à leur bateaux
C.L. : Bon vent à vous, et à la semaine prochaine