R.B. : La traversée s'est déroulée sans histoire, le vent a été bon, relativement fort, ce qui fait que tous les bateaux ont navigué beaucoup plus vite que prévu. Nous avons effectué la traversée Port Vila - Cairns en 7 jours alors que nous en avions prévu 9, pour une distance de 1350MN, soit environ 2500km
C.L. : Comment se porte le bateau ?
R.B. : Saranaïa va bien. Nous avons eu un petit problème de pilote automatique qui nous a lâché un peu avant l'arrivée. Nous avons eu de la chance que ça nous arrive en vue des côtes de Cairns, où il y a tout ce qu'il faut pour réparer. Normalement, tout sera en ordre pour le départ, d'ici une dizaine de jours
C.L. : Peux-tu nous parler des étapes que vous avez effectué depuis votre départ des îles Fidji ?
R.B. : La première étape s'est faite à Musket Cove, une île qui fait partie de l'archipel des Fidji et qui se situe à l'ouest de Viti Levu, la grande île des Fidji. C'est un îlot privé qu'on appelle un "resort" dans cette région du monde, c'est à dire un complexe de vacances dans lequel il y a un Yatch Club privé où nous étions accueillis. C'est surtout une île touristique où on ne voit pas beaucoup de Fidjiens
C.L. : Y a t'il beaucoup d'îlots complètement privés dans cette zone du pacifique ?
R.B. : Aux Fidji, il y en a pas mal puisque nous nous sommes arrêtés dans 2, sans les chercher particulièrement, mais le tourisme est assez développé aux Fidji, contrairement aux Tongas qui est un pays relativement moyenâgeux
C.L. : Après Musket Cove vous êtes arrivés à Port Vila, la capitale du Vanuatu..
R.B. : Oui, c'est la capitale et elle ne comporte que 20000 habitants. Le pays est assez étendu puisque les îles sont éloignées les unes des autres. Malheureusement, nous n'avons pu rester qu'à Port vila puisque des vents contraires ont empêché une visite des îles un peu plus lointaines, comme Tana où se trouve un volcan en activité, ou Embrun où se trouve un autre volcan et où avaient lieu des manifestations traditionnelles. Nous sommes donc restés à Port vila qui est une petite ville charmante et où souffle un air de joie de vivre français, comme dit notre guide touristique, parce qu'il reste un souvenir de la présence française, et même si l'anglais reste dominant. Nous avons rencontré des amis français qui nous ont accueillis et permis de visiter des choses intéressantes dans ce qu'on appelle le Bush, ici en Australie, c'est à dire une sorte de forêt vierge pas très élevée mais tout à fait inextricable. Nous avons fait une descente de rivière, visité une cascade, plein de choses très intéressantes
C.L. : Comment s'est passée la traversée entre Port vila et Cairns ? C'est une longue traversée et ça faisait longtemps que vous n'aviez pas navigué autant..
R.B. : Oui, en effet. La traversée s'est bien passée. Nous avons eu du vent mais sans excès, donc ça allait vite, même avec une voilure réduite. Et c'est intéressant parce que le moins de temps on reste en mer, moins on se fatigue
C.L. : Vos premières impressions de Cairns ?
R.B. : Ca fait seulement 24 h que nous sommes là et nos premiers contacts ont été avec les services d'immigration qui ont confisqué une bonne partie de notre stock d'alimentation. On ne peut pas rentrer en Australie avec des légumes, des œufs ou des conserves de porc... Nous sommes ensuite allés à Cairns même puisque nous étions dans une Marina qui se situe à 15km de Cairns. Nous avons donc attendu le bus, qui n'est jamais venu, avant de nous décider à faire du stop. Un homme très sympa en camping-car s'est arrêté et a entrepris de nous faire visiter Cairns. C'est une ville de 100000 habitants qui s'étend sur une grande surface, avec des maisons disséminées un peu partout. C'est une zone "inland", c'est à dire que la mer pénètre assez profondément dans la terre, où on peut trouver la Mangrove, qui est une zone où les arbres poussent les pieds dans l'eau. À marée haute ils sont recouverts jusqu'au tronc, et à marée basse on peut voir leur racines... Sinon, Cairns est une ville très propre, ce qui change beaucoup d'avec les pays un peu plus démunis que nous avons traversés jusqu'à maintenant
C.L. : Est-ce que le fait de retrouver un pays "riche" vous faisait envie ?
R.B. : Pas vraiment, non. Nous avons eu tellement de choses sympathiques en Polynésie, aux Fidji et au Tongas, avec ce coté ancien que l'aspect "civilisé" ne nous manquait pas plus que ça. Bon, maintenant que nous y sommes, c'est vrai qu'il n'est pas désagréable de retrouver une civilisation qu'on connaît bien
C.L. : Tu parlais tout à l'heure des douanes australiennes, est-ce que c'est quelque chose qui vous a pesé depuis votre départ ?
R.B. : Il faut dire que quand nous sommes dans un rallye, l'organisateur nous décharge de beaucoup de choses. Par exemple un bateau qui va se présenter isolément doit aller à la rencontre des services de douanes alors que pour nous, ce sont eux qui viennent à notre rencontre. La seule fois où nous nous sommes fait contrôlés sérieusement, c'est aux Tongas. Les autres formalités, ce sont surtout des papiers et c'est le chef de bord qui s'en charge. En Australie, ils ont des règles très strictes, mais il faut savoir que ce pays a la chance de ne pas avoir de maladies dans leurs élevages et leur agriculture. Ils tiennent donc à ne pas introduire de germes qui pourraient venir de pays où ces maladies sont endémiques
C.L. : Ca fait maintenant 7 mois que vous êtes en mer, est-ce que le voyage est devenu une habitude ou alors est-ce que vous avez envie de vous poser ?
R.B. : Le bateau est vraiment devenu une maison, mais dans l'équipage on souffre un peu de l'isolement de ceux qu'on a laissés en France, de la famille et des amis. En plus, je sais que je n'ai pas l'âme d'un vagabond des mers du Sud...
C.L. : Par rapport à l'équipage, où en êtes-vous dans les aller-retour ?
R.B. : nous sommes arrivés à Cairns à cinq. Annick a rejoint le voilier à Musket Cove, et la maman de Loïc Artaud est avec nous depuis Bora Bora. Nous attendons 3 autres équipiers ici à Cairns
C.L. : Une dernière question : la suite du programme ?
R.B. : Pour les jours qui viennent nous avons prévu des visites, quelques petites réceptions et aussi un peu de tourisme pour nous, c'est à dire en dehors des événements prévus par l'organisation. Nous sommes à Cairns jusqu'à la fin de la semaine prochaine et ensuite nous partons vers Thursday Island qui se trouve dans la grande barrière de corail. C'est une croisière libre, de jour, avec des étapes prévues pour plonger. De Thursday Island, nous appareillerons pour Darwin, où nous devons être le 28/29 août
C.L. : Et bien bon vent à vous !