Lucien Bergerie est prof de collège. Un professeur tout à fait normal, si toutefois on ne s'intéresse
pas de trop près à son passé. En 1977, ce jeune professeur métropolitain part enseigner
sur l'île de Bora Bora. Ce n'est pas sa première expérience puisqu'il a déjà effectué
une coopération aux Comores, date à laquelle il attrape le virus des voyages. Bientôt, il décide d'ouvrir sur l'île un restaurant
-chez Lulu-, et après les corrigés de Monsieur Bergerie, les Tahitiens goûtent aux langoustes et autres poissons
crus servis chez ce professeur hors du commun
Lucien ne nous a pas beaucoup parlé cette semaine de celui qui fut un bon client de sa table, un certain Paul Emile Victor,
mais il nous réserve un peu de son temps la semaine prochaine pour nous aider à le connaître. Cette fois-ci, il
est venu les bras chargés de coquillages, partagé entre le plaisir de les montrer aux enfants et la gêne de
les avoir arrachés au Pacifique
Lorsque Nicolas, élève en CM2, lui demande si la vie est chère en Polynésie, Lucien Bergerie repart un peu sur ces îles :
La semaine prochaine, nous recevrons à nouveau Lucien Bergerie qui nous parlera des clients prestigieux qu'il a pu avoir dans son restaurant
L'équipage de Saranaïa est arrivé à Bora Bora et a pu nous contacter malgré l'heure tardive due au décalage
Caryl Lambert : Tout d'abord, nous te remercions
de t'être levé d'aussi bonne heure pour nous appeler. Il est 14h03 à Lyon, quelle heure est-il à Papeete ?
René Bernard : Et bien c'est simple, il y a exactement
12h de décalage, il est donc 2h05 du matin. En fait, je
ne me suis pas couché puisque tout l'équipage du
Saranaïa était invité à manger chez
Mme Duchemin, la directrice du centre de Rééducation
de l'Ouïe et de la Parole de Tahiti
Julie : Comment allez-vous et quelle température fait-il ?
R.B. : Nous allons tous bien et la température
est d'une manière générale moins élevée
qu'en Equateur où aux Galapagos. Il fait autour de 30deg.C, ce qui est plutôt agréable
Alexandre : Est-ce que vous péchez ?
R.B. : Oui, et la pêche a été
meilleure dans le Pacifique que dans l'Atlantique. Nous avons
pris deux thons de 5 et 10 Kg et un espadon d'environ 15 Kg pour
un mètre de long. De quoi améliorer l'ordinaire du bateau
Julie : Que mangez-vous ?
R.B. : Ici, à Papeete, on a quasiment
toute la nourriture française par le biais des supermarchés
qui sont les mêmes qu'en Métropole. En général,
on essaye de trouver un compromis entre les aliments locaux et
ceux dont nous avons l'habitude. Par exemple, ici, on trouve des
bananes légumes et une sorte d'épinard. Du coté
des fruits, on ne trouve pas souvent ceux de France, mais personne
ne s'en plaint. Les ananas sont excellents, les pamplemousses
succulents, sans parler des goyaves et de tout ceux que j'oublie
Alexandre : Etes-vous allés au CROP de Tahiti ?
C.R. : Mais tout d'abord, qu'est-ce que le CROP ?
R.B. : Le CROP est un établissement scolaire et médical qui accueille des enfants sourds. J'étais
directeur du CROP de Lyon il y a encore quelques mois. Comme je vous le disais tout à l'heure, j'ai rencontré la
directrice du CROP de Tahiti et je pense que vous pouvez correspondre avec les élèves tahitiens qui en ont très
envie. D'ailleurs, certains de ces élèves viennent vendredi sur Saranaïa
C.L. : Combien êtes-vous à bord actuellement ?
R.B. : Aujourd'hui, nous sommes 7. Nous avons été rejoints par Paul qui nous avait quitté
à Madère et Roger, le docteur. Loïc et Yves qui doivent nous rejoindre
dans quelques jours, et nous serons alors 9, ce qui est beaucoup, mais nous n'avons pas de grande traversée au programme
Alexandre : Le paysage est-il beau ?
R.B. : C'est peu de le dire. Au départ, je n'attendais rien de Papeete et de Tahiti, j'avais peur de ne
trouver qu'une grande ville. C'est effectivement une grande ville mais elle est noyée dans un océan de verdure, la
forêt tropicale, et c'est d'une beauté exceptionnelle
Petite anecdote sur Papeete : son maire s'est rendu à Antibes
pour visiter le port et s'en est largement inspiré, mis à part, une fois de plus les magnifique arbres
Il n'y a pas grand chose à dire sur Papeete, si ce n'est, comme aux Marquises, le soin extrême qu'apportent les Polynésiens à leurs jardins
C.L. : Quel programme pour la semaine ?
R.B. : Nous quittons Papeete samedi pour participer à une petite régate avec le yatch Club
de Tahiti. Ensuite, nous allons mettre le bateau en cale sèche pour nettoyer la coque et remettre une couche de peinture. Notre
objectif est d'être sur le ligne de départ à Bora Bora le 1er juin. D'ici là, nous nous promenons...
C.L. : Bon vent à vous...
Professeur puis restaurateur à Bora Bora, nous vous avons présenté la semaine dernière Lucien Bregerie. Il aurait dû aujourd'hui nous parler de celui qui fut un bon client de "chez Lulu", un certain Paul-Emile Victor, mais les CE2 de l'école Jules Verne en ont décidé autrement et ont opté pour des détails sur la vie quotidienne en Polynésie française
Laétitia : Quel est le climat ?
L.B. : Il ne fait jamais froid, le soleil brille beaucoup mais il pleut quand même parfois, surtout
durant la saison humide, l'équivalent de l'hiver chez nous. Et puis bien sûr, il y a les cyclones. Par exemple, mon restaurant
s'est retrouvé par deux fois sans toit, suite à un cyclone. Dites-vous bien qu'à Bora Bora, ce
n'est pas très grave car tous les habitants travaillent ensemble pour faire les réparations, et en 4-5 jours tout était en état
Arthur : Quel est le moyen de locomotion des Tahitiens ?
L.B. : Leur préferré reste la Vespa. Il n'est pas rare de voir une vespa chargée du
papa, en général bien portant, de la maman, 2 ou 3 enfants et les commissions, la bouteille de gaz et le filet à poissons...
Akim : Comment s'habille-t-on ?
L.B. : On peut voir deux styles cohabiter : les vêtements traditionnels et les européens, c'est
à dire comme vous en été. Si vous voulez ressembler à un tahitien,
les jeunes filles mettront autour de leur corps un paréo, simplement noué sur l'épaule et les garçons
se contenteront d'un pagne autour de la taille. Bien sur, les tahitiens "traditionnels" ne portet pas de chaussures
Perrine : Pouvez-vous nous dire quelques mots de tahitien ?
L.B. : Bonjour : iorana, Bienvenue : maeva, bonjour et bienvenue à tous : Iorana maeva tato, Manureva, le nom d'un oiseau. C'est une langue magnifique...
René Bernard a réussi à nous joindre de Papeete, malgré l'heure tardive
R.B. : Bonjour, ici Saranaïa, toujours dans le port de Papeete
Caryl Lambert : Bonjour et merci de t'être levé. Il est 14h ici à Lyon, quelle heure est-il à Papeete ?
R.B. : Il est 2h du matin et Papeete est très très calme
C.L. : Je te laisse donner quelques nouvelles, puis les élèves de CE2 de l'école te poseront quelques questions
R.B. : Nous aurions du quitter Papeete mais malheureusement deux événements nous ont obligé
à rester. D'abord, notre ami Paul a de nouveau des problèmes de santé. Déjà, il nous avait quitté à Madère
en évacuation sanitaire. Il nous avait rejoint lundi dernier mais malheureusement il est actuellement à
l'hôpital de Papeete. Il doit essayer de nous rejoindre en Afrique du Sud. L'autre raison qui nous bloque ici est un problème technique.
Nous nous sommes aperçus que la baume était sérieusement fendue. Nous avons donc dû la faire réparer, ce n'a
pu être fait que hier, mercredi, à cause du pont de la pentecôte
C.L. : À Paul de notre part, tous nos voeux de rétablissement
Maureen : Est-ce qu'il fait beau ?
R.B. : On a eu du mauvais temps durant le week-end, ce qui est quelque peu anormal pour la saison. Ce sont
les dépressions du grand sud, des 40èmes rugissants qui sont montées cette année un peu plus haut, et
un peu tard, nous amenant la pluie et le vent. Mais depuis hier, le temps est au beau fixe
Cédric : quand quittez-vous Tahiti ?
R.B. : Nous larguons les amarres tout à l'heure, au lever du jour, pour une petite traversée jusqu'à
Moréa, l'île voisine que l'on peut voir du port de Papeete. Nous allons parcourir 20 miles nautiques pour atteindre
notre prochain mouillage, la baie de Cook
Maureen : Y a-t-il beaucoup de monuments ?
R.B. : À Tahiti, comme dans toute la Polynésie, on trouve beaucoup de "Kiki" et de "Maraé"
datant d'avant le protectorat français, soit au minimum deux siècles. Les "Kiki" sont des représentations
de dieux et les "Maraés" sont des espaces pavés qui servaient de lieux de rassemblement pour les cérémonies
religieuses. En revanche, on trouve peu de monuments récents. Il faut dire que Papeete, dont le nom signifie "Panier d'Eau",
n'a été fondée qu'au début du XIXème siècle, en 1818. Très rapidement, le lieu est devenu
la capitale et le lieu de résidence des "Pomarées", les derniers rois de Tahiti
Cédric : faites-vous des voyages ?
R.B. : Le bateau étant bloqué au port pour les réparations, nous faisons de petites excursions.
Par exemple lundi, nous avons pris le ferry jusqu'à Mauréa, où nous avons loué des scooters. Aujourd'hui, nous
allons nous promener dans les îles du vent, jusqu'à Bora Bora
C.L. : Merci René. La semaine prochaine, vous nous appellerez donc de Bora Bora
R.B. : Oui, et nous partirons le 1er juin pour rallier le royaume des Tongas, une traversée d'environ
8-10 jours. Les Tongas sont à la limite de la Mélanésie
>C.L. : Saranaïa va donc rejoindre le large. En avez-vous envie ?
R.B. : Nous avons jusqu'ici vécu un séjour enchanteur et il est vrai que personnellement,
je trouve plus intéressant ces petits voyages d'îles en îles que les longues traversées
C.L. : Bon rétablissement à Paul, et bon vent...
Lorsqu'on est en pleine mer, on se rend facilement compte du problème que posent les déchets. On hésite souvent à salir la grande bleue et on se prend à trier, à réfléchir
Une situation que l'on devrait peut-être appliquer à notre vie terrestre. Chaque jour, en France, chaque habitant produit 1 Kg de déchet. Nous vous laissons imaginer l'ampleur du résultat multiplié par 60 millions d'habitants, 365 jours par an
Nos petits sacs bleus s'entassent actuellement dans des décharges ou sont incinérés. L'incinération, pourtant, ne semble pas être la solution idéale. D'un point de vue pratique, elle est relativement coûteuse, et les fours incinérateurs ont une durée de vie de 20 ans. D'un point de vue écologique ensuite, l'incinération est une dépense d'énergie et un pied de nez au recyclage
Certains pays comme les Pays-Bas ou l'Allemagne ont pourtant organisé un recyclage assez performant. En France, un plan de recyclage est en cours et devrait s'achever vers 2002. Nous aurons alors chez nous 2 poubelles accueillant les déchets recyclables et ceux qui ne le sont pas
La 2ème catégorie reste très importante et le problème se pose avec les objets combinant plusieurs matériaux. Un couteau en fer peut être recyclé, le même avec un manche en plastique ne peut pas, il serait trop difficile de séparer ces matériaux
Cependant, malgré un plan national, le recyclage généralisé reste une utopie. En effet, la construction d'incinérateurs en grand nombre est en train de se décider. Preuve, donc, que le pourcentage de 70% d'incinération et 30% de recyclage n'est pas près d'évoluer
D'après Jocelyn Perret
C'est une classe de CE2, cette semaine, qui a eu la lourde tache de prendre des nouvelles du Saranaïa
Romain : Où êtes-vous ?
René Bernard : depuis 2 jours et demi nous sommes à Bora Bora, la plus connue des îles Sous le Vent. Nous partons pour les Tonga ce dimanche, à
12h00 heure locale. Nous allons accomplir 1500 miles pour rejoindre à nouveau des pays où l'on ne parle pas français
Anaïs : Quel est le climat ?
R. B. : On entre ici dans l'hiver austral qui bien sûr n'a rien à voir avec l'hiver français.
Tout de même, nous avons connu quelques désagréments. Tout à l'heure, au moment où nous allions nous coucher,
le bateau a dérapé, nous sommes allés toucher le corail et il a fallu envoyer une nouvelle ancre. Il y a beaucoup
de vent et nous nous relayons sur le pont par peur de dériver à nouveau. Exceptionnellement, le vent souffle du nord-ouest,
ce qui est une aberration en cette saison. Nous espérons que les conditions vont s'améliorer pour le départ,
ce vent étant tout à fait défavorable
Anaïs : Vous êtes vous baignés ?
R. B. : Oui, bien sûr, et j'ai même fait une rencontre surprenante. Je m'étais équipé
d'un masque et d'un tuba pour observer les fonds qui sont magnifiques, et bien sûr la multitude de poissons colorés que l'on trouve ici. Tout à coup, j'ai vu arriver un poisson
plus gros que les autres. Il était beige et gris, les extrémités de ses nageoires étaient noires, auréolées
de jaune. C'était un requin "pointe noire", une espèce inoffensive mais qui m'a tout de même un peu inquiété
Anaïs : Que mangez-vous ?
R. B. : On trouve beaucoup de produits français, mais nous mangeons surtout du poisson, souvent issu de notre pêche. Le
plus fréquent ici est le Maï-Maï, un type de dorade que l'on cuisine à la Polynésienne, cuit
simplement par le jus de citron et agrémenté de noix de coco
Romain : Comment vous vous habillez ?
R. B. : Nous ne portons pas de Paréos, même si nous en avons tous acheté un. Il faut savoir
qu'il fait très chaud ici, et par exemple, les instituteurs font la classe en short et chemisette
C. L. : Une dernière question, avant de vous souhaiter bon vent : que faites-vous de vos poubelles en mer ?
R. B. : Je rappelle tout d'abord que notre tour du monde est un rallye chapeauté par les organisateurs
de la prochaine exposition universelle dont le thème sera "Les Océans, un héritage pour le futur". Prendre soin de la mer est donc plus que logique. En mer, nous
trions nos déchets. Les biodégradables sont jetés à l'eau (épluchures, etc...). Nous gardons à
bord ce qui est polluant, en particulier les matières plastiques. On discute sur le fer et l'aluminium qui ne sont pas vraiment considérés comme polluants
C. L. : Peut-être à la semaine prochaine, si nous arrivons à établir la liaison par Saint-Lys radio
Bon vent...
Rencontre avec Régis Goiffon de l'IREM de Lyon, professeur de mathématiques et marin occasionnel durant ses vacances, qui a bien voulu réviser son cours de culture générale, option "fuseaux horaires"
Sabri : pourquoi a-t-on senti le besoin de créer ces fuseaux ?
R.G. : C'est l'augmentation phénoménale
de la vitesse des déplacements, des transports qui a fait
ressentir ce besoin. Pourtant, les premiers grands navigateurs
ont eu quelques surprises. Magellan, par exemple, avait effectué
son voyage par l'ouest. De retour au Cap Vert, il s'est aperçu
du jour de décalage existant entre son livre de bord et
la date officielle. Ceci n'est pas sans nous rappeler Le Tour
du Monde en 80 Jours de Jules Verne. Phileas Fogg croyait avoir quitté
Londres 81 jours avant son retour car il avait vu le soleil se lever 81 fois, alors
que Londres n'avait vu que 80 jours s'écouler. Phileas Fogg avait voyagé vers l'Est...
Fabien : Combien y a t-il de fuseaux en France ?
R.G. : Il n'y en a qu'un seul, mais il est intéressant de savoir qu'entre Brest et Strasbourg, il
y a 49 minutes de décalage en heure solaire
Cette semaine, nous avons longuement parlé des animaux avec Pascal Hudelet, notre chroniqueur. Le thème abordé était celui des cétacés
Voguent les mots
De toutes les questions d'environnement qui se posent à l'homme à l'aurore du troisième millénaire, celle de l'eau est la principale, car l'eau est le patrimoine commun de l'humanité
Quelle eau boit-on aujourd'hui ?
Que sait-on du cycle de l'eau et de l'évolution des climats ?
Peut-on encore sauver Venise ?
Comment les hommes du Sahel parviendront-ils à faire reverdir le désert ?
Si l'homme vient de l'eau, elle s'impose toujours à lui. Elle est à la fois source d'inspiration et de connaissance. Lavoisier décompose l'eau et Monet peint ses reflets... L'eau pour tous à l'aube du XXI siècle : un défi à relever
Ouvrage de référence unique en son genre, beau livre richement illustré, Le Grand livre de l'eau comprend cinquante contributions rédigées par cinquante-sept spécialistes de toutes les disciplines (historiens anthropologues, scientifiques, spécialistes et techniciens) qui vous feront découvrir les multiples facettes de cet élément vital
- Le Grand Livre de l'Eau, ed. La Manufacture