Bora Bora le 16 mai 1997

Parlez-nous de... la vie quotidienne en Polynésie française

Lucien Bergerie est prof de collège. Un professeur tout à fait normal, si toutefois on ne s'intéresse pas de trop près à son passé. En 1977, ce jeune professeur métropolitain part enseigner sur l'île de Bora Bora. Ce n'est pas sa première expérience puisqu'il a déjà effectué une coopération aux Comores, date à laquelle il attrape le virus des voyages. Bientôt, il décide d'ouvrir sur l'île un restaurant -chez Lulu-, et après les corrigés de Monsieur Bergerie, les Tahitiens goûtent aux langoustes et autres poissons crus servis chez ce professeur hors du commun
Lucien ne nous a pas beaucoup parlé cette semaine de celui qui fut un bon client de sa table, un certain Paul Emile Victor, mais il nous réserve un peu de son temps la semaine prochaine pour nous aider à le connaître. Cette fois-ci, il est venu les bras chargés de coquillages, partagé entre le plaisir de les montrer aux enfants et la gêne de les avoir arrachés au Pacifique

Lorsque Nicolas, élève en CM2, lui demande si la vie est chère en Polynésie, Lucien Bergerie repart un peu sur ces îles :

La semaine prochaine, nous recevrons à nouveau Lucien Bergerie qui nous parlera des clients prestigieux qu'il a pu avoir dans son restaurant

Nouvelles du bord

L'équipage de Saranaïa est arrivé à Bora Bora et a pu nous contacter malgré l'heure tardive due au décalage

Caryl Lambert : Tout d'abord, nous te remercions de t'être levé d'aussi bonne heure pour nous appeler. Il est 14h03 à Lyon, quelle heure est-il à Papeete ?
René Bernard : Et bien c'est simple, il y a exactement 12h de décalage, il est donc 2h05 du matin. En fait, je ne me suis pas couché puisque tout l'équipage du Saranaïa était invité à manger chez Mme Duchemin, la directrice du centre de Rééducation de l'Ouïe et de la Parole de Tahiti

Julie : Comment allez-vous et quelle température fait-il ?
R.B. : Nous allons tous bien et la température est d'une manière générale moins élevée qu'en Equateur où aux Galapagos. Il fait autour de 30deg.C, ce qui est plutôt agréable

Alexandre : Est-ce que vous péchez ?
R.B. : Oui, et la pêche a été meilleure dans le Pacifique que dans l'Atlantique. Nous avons pris deux thons de 5 et 10 Kg et un espadon d'environ 15 Kg pour un mètre de long. De quoi améliorer l'ordinaire du bateau

Julie : Que mangez-vous ?
R.B. : Ici, à Papeete, on a quasiment toute la nourriture française par le biais des supermarchés qui sont les mêmes qu'en Métropole. En général, on essaye de trouver un compromis entre les aliments locaux et ceux dont nous avons l'habitude. Par exemple, ici, on trouve des bananes légumes et une sorte d'épinard. Du coté des fruits, on ne trouve pas souvent ceux de France, mais personne ne s'en plaint. Les ananas sont excellents, les pamplemousses succulents, sans parler des goyaves et de tout ceux que j'oublie

Alexandre : Etes-vous allés au CROP de Tahiti ?
C.R. : Mais tout d'abord, qu'est-ce que le CROP ?
R.B. : Le CROP est un établissement scolaire et médical qui accueille des enfants sourds. J'étais directeur du CROP de Lyon il y a encore quelques mois. Comme je vous le disais tout à l'heure, j'ai rencontré la directrice du CROP de Tahiti et je pense que vous pouvez correspondre avec les élèves tahitiens qui en ont très envie. D'ailleurs, certains de ces élèves viennent vendredi sur Saranaïa

C.L. : Combien êtes-vous à bord actuellement ?
R.B. : Aujourd'hui, nous sommes 7. Nous avons été rejoints par Paul qui nous avait quitté à Madère et Roger, le docteur. Loïc et Yves qui doivent nous rejoindre dans quelques jours, et nous serons alors 9, ce qui est beaucoup, mais nous n'avons pas de grande traversée au programme

Alexandre : Le paysage est-il beau ?
R.B. : C'est peu de le dire. Au départ, je n'attendais rien de Papeete et de Tahiti, j'avais peur de ne trouver qu'une grande ville. C'est effectivement une grande ville mais elle est noyée dans un océan de verdure, la forêt tropicale, et c'est d'une beauté exceptionnelle
Petite anecdote sur Papeete : son maire s'est rendu à Antibes pour visiter le port et s'en est largement inspiré, mis à part, une fois de plus les magnifique arbres
Il n'y a pas grand chose à dire sur Papeete, si ce n'est, comme aux Marquises, le soin extrême qu'apportent les Polynésiens à leurs jardins

C.L. : Quel programme pour la semaine ?
R.B. : Nous quittons Papeete samedi pour participer à une petite régate avec le yatch Club de Tahiti. Ensuite, nous allons mettre le bateau en cale sèche pour nettoyer la coque et remettre une couche de peinture. Notre objectif est d'être sur le ligne de départ à Bora Bora le 1er juin. D'ici là, nous nous promenons...

C.L. : Bon vent à vous...

Bora-Bora, le 23 mai 1997

Parlez-nous de... la vie quotidienne en Polynésie française

Professeur puis restaurateur à Bora Bora, nous vous avons présenté la semaine dernière Lucien Bregerie. Il aurait dû aujourd'hui nous parler de celui qui fut un bon client de "chez Lulu", un certain Paul-Emile Victor, mais les CE2 de l'école Jules Verne en ont décidé autrement et ont opté pour des détails sur la vie quotidienne en Polynésie française

Laétitia : Quel est le climat ?
L.B. : Il ne fait jamais froid, le soleil brille beaucoup mais il pleut quand même parfois, surtout durant la saison humide, l'équivalent de l'hiver chez nous. Et puis bien sûr, il y a les cyclones. Par exemple, mon restaurant s'est retrouvé par deux fois sans toit, suite à un cyclone. Dites-vous bien qu'à Bora Bora, ce n'est pas très grave car tous les habitants travaillent ensemble pour faire les réparations, et en 4-5 jours tout était en état

Arthur : Quel est le moyen de locomotion des Tahitiens ?
L.B. : Leur préferré reste la Vespa. Il n'est pas rare de voir une vespa chargée du papa, en général bien portant, de la maman, 2 ou 3 enfants et les commissions, la bouteille de gaz et le filet à poissons...

Akim : Comment s'habille-t-on ?
L.B. : On peut voir deux styles cohabiter : les vêtements traditionnels et les européens, c'est à dire comme vous en été. Si vous voulez ressembler à un tahitien, les jeunes filles mettront autour de leur corps un paréo, simplement noué sur l'épaule et les garçons se contenteront d'un pagne autour de la taille. Bien sur, les tahitiens "traditionnels" ne portet pas de chaussures

Perrine : Pouvez-vous nous dire quelques mots de tahitien ?
L.B. : Bonjour : iorana, Bienvenue : maeva, bonjour et bienvenue à tous : Iorana maeva tato, Manureva, le nom d'un oiseau. C'est une langue magnifique...

Nouvelles du bord

René Bernard a réussi à nous joindre de Papeete, malgré l'heure tardive

R.B. : Bonjour, ici Saranaïa, toujours dans le port de Papeete
Caryl Lambert : Bonjour et merci de t'être levé. Il est 14h ici à Lyon, quelle heure est-il à Papeete ?
R.B. : Il est 2h du matin et Papeete est très très calme

C.L. : Je te laisse donner quelques nouvelles, puis les élèves de CE2 de l'école te poseront quelques questions
R.B. : Nous aurions du quitter Papeete mais malheureusement deux événements nous ont obligé à rester. D'abord, notre ami Paul a de nouveau des problèmes de santé. Déjà, il nous avait quitté à Madère en évacuation sanitaire. Il nous avait rejoint lundi dernier mais malheureusement il est actuellement à l'hôpital de Papeete. Il doit essayer de nous rejoindre en Afrique du Sud. L'autre raison qui nous bloque ici est un problème technique. Nous nous sommes aperçus que la baume était sérieusement fendue. Nous avons donc dû la faire réparer, ce n'a pu être fait que hier, mercredi, à cause du pont de la pentecôte
C.L. : À Paul de notre part, tous nos voeux de rétablissement

Maureen : Est-ce qu'il fait beau ?
R.B. : On a eu du mauvais temps durant le week-end, ce qui est quelque peu anormal pour la saison. Ce sont les dépressions du grand sud, des 40èmes rugissants qui sont montées cette année un peu plus haut, et un peu tard, nous amenant la pluie et le vent. Mais depuis hier, le temps est au beau fixe

Cédric : quand quittez-vous Tahiti ?
R.B. : Nous larguons les amarres tout à l'heure, au lever du jour, pour une petite traversée jusqu'à Moréa, l'île voisine que l'on peut voir du port de Papeete. Nous allons parcourir 20 miles nautiques pour atteindre notre prochain mouillage, la baie de Cook

Maureen : Y a-t-il beaucoup de monuments ?
R.B. : À Tahiti, comme dans toute la Polynésie, on trouve beaucoup de "Kiki" et de "Maraé" datant d'avant le protectorat français, soit au minimum deux siècles. Les "Kiki" sont des représentations de dieux et les "Maraés" sont des espaces pavés qui servaient de lieux de rassemblement pour les cérémonies religieuses. En revanche, on trouve peu de monuments récents. Il faut dire que Papeete, dont le nom signifie "Panier d'Eau", n'a été fondée qu'au début du XIXème siècle, en 1818. Très rapidement, le lieu est devenu la capitale et le lieu de résidence des "Pomarées", les derniers rois de Tahiti

Cédric : faites-vous des voyages ?
R.B. : Le bateau étant bloqué au port pour les réparations, nous faisons de petites excursions. Par exemple lundi, nous avons pris le ferry jusqu'à Mauréa, où nous avons loué des scooters. Aujourd'hui, nous allons nous promener dans les îles du vent, jusqu'à Bora Bora

C.L. : Merci René. La semaine prochaine, vous nous appellerez donc de Bora Bora
R.B. : Oui, et nous partirons le 1er juin pour rallier le royaume des Tongas, une traversée d'environ 8-10 jours. Les Tongas sont à la limite de la Mélanésie

>C.L. : Saranaïa va donc rejoindre le large. En avez-vous envie ?
R.B. : Nous avons jusqu'ici vécu un séjour enchanteur et il est vrai que personnellement, je trouve plus intéressant ces petits voyages d'îles en îles que les longues traversées

C.L. : Bon rétablissement à Paul, et bon vent...

Bora-Bora, le 30 mai 1997

Au fil de l'écolo : Les déchets

Lorsqu'on est en pleine mer, on se rend facilement compte du problème que posent les déchets. On hésite souvent à salir la grande bleue et on se prend à trier, à réfléchir
Une situation que l'on devrait peut-être appliquer à notre vie terrestre. Chaque jour, en France, chaque habitant produit 1 Kg de déchet. Nous vous laissons imaginer l'ampleur du résultat multiplié par 60 millions d'habitants, 365 jours par an
Nos petits sacs bleus s'entassent actuellement dans des décharges ou sont incinérés. L'incinération, pourtant, ne semble pas être la solution idéale. D'un point de vue pratique, elle est relativement coûteuse, et les fours incinérateurs ont une durée de vie de 20 ans. D'un point de vue écologique ensuite, l'incinération est une dépense d'énergie et un pied de nez au recyclage
Certains pays comme les Pays-Bas ou l'Allemagne ont pourtant organisé un recyclage assez performant. En France, un plan de recyclage est en cours et devrait s'achever vers 2002. Nous aurons alors chez nous 2 poubelles accueillant les déchets recyclables et ceux qui ne le sont pas
La 2ème catégorie reste très importante et le problème se pose avec les objets combinant plusieurs matériaux. Un couteau en fer peut être recyclé, le même avec un manche en plastique ne peut pas, il serait trop difficile de séparer ces matériaux
Cependant, malgré un plan national, le recyclage généralisé reste une utopie. En effet, la construction d'incinérateurs en grand nombre est en train de se décider. Preuve, donc, que le pourcentage de 70% d'incinération et 30% de recyclage n'est pas près d'évoluer

D'après Jocelyn Perret

Nouvelles du bord

C'est une classe de CE2, cette semaine, qui a eu la lourde tache de prendre des nouvelles du Saranaïa

Romain : Où êtes-vous ?
René Bernard : depuis 2 jours et demi nous sommes à Bora Bora, la plus connue des îles Sous le Vent. Nous partons pour les Tonga ce dimanche, à 12h00 heure locale. Nous allons accomplir 1500 miles pour rejoindre à nouveau des pays où l'on ne parle pas français

Anaïs : Quel est le climat ?
R. B. : On entre ici dans l'hiver austral qui bien sûr n'a rien à voir avec l'hiver français. Tout de même, nous avons connu quelques désagréments. Tout à l'heure, au moment où nous allions nous coucher, le bateau a dérapé, nous sommes allés toucher le corail et il a fallu envoyer une nouvelle ancre. Il y a beaucoup de vent et nous nous relayons sur le pont par peur de dériver à nouveau. Exceptionnellement, le vent souffle du nord-ouest, ce qui est une aberration en cette saison. Nous espérons que les conditions vont s'améliorer pour le départ, ce vent étant tout à fait défavorable

Anaïs : Vous êtes vous baignés ?
R. B. : Oui, bien sûr, et j'ai même fait une rencontre surprenante. Je m'étais équipé d'un masque et d'un tuba pour observer les fonds qui sont magnifiques, et bien sûr la multitude de poissons colorés que l'on trouve ici. Tout à coup, j'ai vu arriver un poisson plus gros que les autres. Il était beige et gris, les extrémités de ses nageoires étaient noires, auréolées de jaune. C'était un requin "pointe noire", une espèce inoffensive mais qui m'a tout de même un peu inquiété

Anaïs : Que mangez-vous ?
R. B. : On trouve beaucoup de produits français, mais nous mangeons surtout du poisson, souvent issu de notre pêche. Le plus fréquent ici est le Maï-Maï, un type de dorade que l'on cuisine à la Polynésienne, cuit simplement par le jus de citron et agrémenté de noix de coco

Romain : Comment vous vous habillez ?
R. B. : Nous ne portons pas de Paréos, même si nous en avons tous acheté un. Il faut savoir qu'il fait très chaud ici, et par exemple, les instituteurs font la classe en short et chemisette

C. L. : Une dernière question, avant de vous souhaiter bon vent : que faites-vous de vos poubelles en mer ?
R. B. : Je rappelle tout d'abord que notre tour du monde est un rallye chapeauté par les organisateurs de la prochaine exposition universelle dont le thème sera "Les Océans, un héritage pour le futur". Prendre soin de la mer est donc plus que logique. En mer, nous trions nos déchets. Les biodégradables sont jetés à l'eau (épluchures, etc...). Nous gardons à bord ce qui est polluant, en particulier les matières plastiques. On discute sur le fer et l'aluminium qui ne sont pas vraiment considérés comme polluants

C. L. : Peut-être à la semaine prochaine, si nous arrivons à établir la liaison par Saint-Lys radio
Bon vent...

En mer entre Bora Bora et Tongatapu, le 6 juin 1997

Parlez-nous de... des fuseaux horaires

Rencontre avec Régis Goiffon de l'IREM de Lyon, professeur de mathématiques et marin occasionnel durant ses vacances, qui a bien voulu réviser son cours de culture générale, option "fuseaux horaires"

Sabri : pourquoi a-t-on senti le besoin de créer ces fuseaux ?
R.G. : C'est l'augmentation phénoménale de la vitesse des déplacements, des transports qui a fait ressentir ce besoin. Pourtant, les premiers grands navigateurs ont eu quelques surprises. Magellan, par exemple, avait effectué son voyage par l'ouest. De retour au Cap Vert, il s'est aperçu du jour de décalage existant entre son livre de bord et la date officielle. Ceci n'est pas sans nous rappeler Le Tour du Monde en 80 Jours de Jules Verne. Phileas Fogg croyait avoir quitté Londres 81 jours avant son retour car il avait vu le soleil se lever 81 fois, alors que Londres n'avait vu que 80 jours s'écouler. Phileas Fogg avait voyagé vers l'Est...

Fabien : Combien y a t-il de fuseaux en France ?
R.G. : Il n'y en a qu'un seul, mais il est intéressant de savoir qu'entre Brest et Strasbourg, il y a 49 minutes de décalage en heure solaire

Nos amies les bêtes

Cette semaine, nous avons longuement parlé des animaux avec Pascal Hudelet, notre chroniqueur. Le thème abordé était celui des cétacés

Voguent les mots

De toutes les questions d'environnement qui se posent à l'homme à l'aurore du troisième millénaire, celle de l'eau est la principale, car l'eau est le patrimoine commun de l'humanité
Quelle eau boit-on aujourd'hui ?
Que sait-on du cycle de l'eau et de l'évolution des climats ?
Peut-on encore sauver Venise ?
Comment les hommes du Sahel parviendront-ils à faire reverdir le désert ?

Si l'homme vient de l'eau, elle s'impose toujours à lui. Elle est à la fois source d'inspiration et de connaissance. Lavoisier décompose l'eau et Monet peint ses reflets... L'eau pour tous à l'aube du XXI siècle : un défi à relever

Ouvrage de référence unique en son genre, beau livre richement illustré, Le Grand livre de l'eau comprend cinquante contributions rédigées par cinquante-sept spécialistes de toutes les disciplines (historiens anthropologues, scientifiques, spécialistes et techniciens) qui vous feront découvrir les multiples facettes de cet élément vital
- Le Grand Livre de l'Eau, ed. La Manufacture



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