le 9 octobre 1997
En mer, au large des îles Cocos
↓ au Sud : l'Australie ↓ --- ↑ au Nord : l'Indonésie ↑
Contes et légentes : LES REQUINS
Attention, avec les requins, il ne faut pas rigoler... C'est une bête féroce, silencieuse, rapide, attirée par le sang, et qui attaque par en-dessous. Tout ce qu'il faut pour terrifier les hommes !
- On raconte qu'au 5ème siècle avant Jésus-Christ, 300 Perses qui s'étaient échoués au large du mont Athos, au nord de la Grèce, furent dévorés par les requins !
- Au 16ème siècle, on découvrit le corps entier d'un marin à l'intérieur du cadavre d'un grand requin blanc
Mais pas de panique ! En fait cette trouille hystérique des requins est typique de ceux qui vivent loin d'eux. Car les sociétés traditionnelles qui vivent près des eaux infestées de requins ont trouvé les moyens de s'en protéger
- Au Sri Lanka, les prêtres jettent des sorts aux requins pour les abrutir afin de protéger les pêcheurs de perles
- En Nouvelle-Zélande, la chasse au requin est supervisée rituellement par les prêtres maoris
En plus il n'est pas toujours un ennemi
- Dans le Pacifique, les requins sont vénérés comme des esprits capables de changer d'apparence
- À Fidji, le dieu de la pêche Dekuwaka prenait la forme d'un gros requin pèlerin pour guider les guerriers lors de leurs raids nocturnes
- Enfin dans les îles Trobiand en Nouvelle Guinée, les hommes jeunes partent seuls dans un petit canoë pour appeler et attraper un requin, rituel qui prouve qu'ils sont passés à l'âge adulte
Swann
Parlez-nous de... les requins
Cette semaine, les CE1 de l'école Jules Verne interrogent les CM1 qui nous précisent que le nom savant du requin est le squale
Sylvain : Où vivent-ils ?
Matthieu : Ils vivent dans toutes les mers et océans, surtout dans les mers chaudes et tempérées
Sylvain : Quelle est leur durée de vie ?
Amandine : Leur durée de vie est estimée à 30-40 ans
Sylvain : Y a-t-il beaucoup d'espèces ?
Anaïs : Oui, environ 250 espèces connues
Amélie : Le plus gros est le requin baleine, qui mesure environ 12m, et même parfois jusqu'à 18m ! Le plus
petit, c'est le requin chat pygmée, qui mesure 15 à 18cm de long
Thomas : Le requin blanc peut peser 3 tonnes, mais le requin baleine peut aller jusqu'à 13 tonnes
Jennifer : Comment les bébés viennent-ils au monde ?
Nicolas : Certains requins sont ovipares, la femelle pond des oeufs. D'autres sont vivipares, les bébés se développent
dans le ventre de la femelle. Le futur papa encourage la mère en la mordant pour qu'elle s'accouple avec lui
Anaïs : Le bébé du requin taureau mange les autres bébés
dans le ventre de sa mère. Ainsi, la mère met au monde le plus rapide et le plus fort
J. : Que mangent-ils ?
Matthieu : Cela dépend des espèces. Ils sont tous carnivores mais n'emploient pas les mêmes moyens pour se nourrir
- Le requin-vampire ne mesure que 50cm de long mais s'attaque aux grosses proies. Avec ses lèvres qui font ventouse, il arrache un gros morceau de chair pour son
déjeuner
- Le requin-nourrice détecte ses proies cachées sous le sable. Il plaque alors sa gueule sur le sable et aspire sa victime d'un coup.
- Le requin-renard assomme ses proies avec sa queue puis les mange tranquillement
Thomas : Le requin-pèlerin se nourrit de minuscules animaux contenus dans l'eau : le plancton. Le requin-tigre avale tout ce qui
passe à sa portée : tortues, méduses, oiseaux, carcasses de vaches, boîtes de conserves, sacs en plastique...
Jennifer : Sont-ils tous dangereux ?
Amandine : Non, certains sont inoffensifs comme le requin baleine qui accepte même que les nageurs montent sur son dos !
Jennifer : À quelle vitesse nagent-ils ?
Amélie : En moyenne seulement à 2 - 3km/h. Le plus rapide, le requin-mako atteint 35km/h
Nadia : Sentent-ils un poisson caché ?
Nicolas : Ils ont un corps adapté à la chasse. Sous l'eau, leurs yeux brillent comme les yeux des chats et peuvent ainsi
localiser leurs proies. Ils sont sensibles à l'odeur du sang. Près du museau, il y a des trous, que l'on appelle
"ampoules de Lorenzini", qui captent les petites décharges électriques émises par les muscles des poissons quand ils bougent
Nadia : À quoi servent les petits poissons qui les suivent ?
Thomas : Ils mangent ce que le requin a laissé. Ces poissons s'appellent rémoras ou poissons-pilotes
Nadia : Pourquoi est-il pêché ?
Amélie : Pour sa chair, qui en conserve s'appelle "saumon blanc", pour la graisse et son huile, qui servent pour des produits de beauté et des médicaments
En mer, le 16 octobre 1997
Parlez-nous de... La mousson
Avant de laisser la parole à Jean-Michel Meunier, de Météo France, Camille nous précise que la mousson est un vent tropical d'Asie et d'Inde qui souffle de la mer vers le continent en été, apportant la pluie, et dans le sens inverse en hiver, pour la mousson sèche. Sans la mousson, l'Inde serait un désert
Maxime : Connaissez-vous l'origine du mot "mousson" ?
Jean-Michel Meunier : Le mot mousson a beaucoup voyagé, on le connaît par un mot portugais monsao, qui vient de l'arabe mossim qui signifie saison
Maxime : Pourquoi la mousson apporte-t-elle la pluie ?
J-M. M. : L'été, il existe un anticyclone sur l'Océan Indien et une dépression sur l'Inde, qui poussent des masses
d'air de la mer vers la terre. Au-dessus de la mer, l'air se charge d'eau. En arrivant sur le continent, l'air monte pour passer au-dessus
des montagnes, il se refroidit, et ne peut plus garder la vapeur d'eau qu'il contient. L'eau se transforme en gouttelettes, puis en grosses gouttes, et elle tombe : il pleut
Caryl Lambert : Le Saranaïa peut-il rencontrer la mousson ?
J-M. M. : Non, il faudrait que le bateau soit proche du continent. Par contre ils peuvent rencontrer une tempête tropicale ou un cyclone
Maxime : La mousson peut-elle venir en France ?
J-M. M. : Non, la mousson ne se produit que dans des zones proches de l'équateur
Maxime : Les habitants considèrent-ils la mousson comme un don du Ciel ou du Diable ?
J-M. M. : Je connais un peu la météo, mais là c'est une colle, je sors mon joker !
Camille : La mousson permet les cultures, alors je dirais plutôt un don du Ciel !
Propos recueillis par les enfants de l'école J. Verne
Au fil de l'écolo : Indonésie, forêts en feu
Depuis deux mois, la forêt tropicale indonésienne brûle et a ainsi perdu environ 800 000 ha. Ces incendies gigantesques, créant un brouillard de 5000km de long, sont imputées à la sécheresse et au courant d'eau chaude, El Niño
El Niño est un phénomène naturel cyclique (tous les 2 à 7 ans) lié aux alizés. En situation El Niño, les alizés faiblissent. Le réservoir d'eaux chaudes du Pacifique Ouest glisse vers le centre et l'est de l'océan. Les zones de pluie suivent le mouvement. La région indonésienne est alors frappée par la sécheresse tandis que le centre du Pacifique puis les côtes américaines sont touchées par de fortes pluies. Cette année, les pluies sont en retard
Cette situation de sécheresse est un facteur important des incendies. Le mode d'exploitation de
la forêt est également responsable. Le gouvernement n'a aucune politique de gestion des richesses naturelles et le
fort taux de pauvreté de ces pays ne fait qu'augmenter les défrichements à but de culture ou d'élevage.
Ces pratiques fragilisent l'écosystème et le rendent vulnérable à toute sécheresse
À cela il faut ajouter l'exploitation forestière par des compagnies privées qui ne respectent pas la forêt
et créent des clairières et des routes tracées au bulldozer qui favorisent les appels d'air lors d'incendies
et donnent de la vigueur aux flammes. Il y a également la tradition de la culture sur brulis qui permettait de débroussailler
le terrain et d'apporter un minimum d'éléments nutritifs au sol. Cette pratique, interdite au début de l'année,
a eu lieu illégalement dans des conditions de sécurité inexistantes
Les conséquences sur la santé et l'environnement sont catastrophiques. Les personnes âgées
et les enfants sont les plus touchés : irritation des yeux, infection de la gorge et difficultés respiratoires.
Et comme dans le cas de nombreuses pollutions, les symptômes ne sont pas décelables dans l'immédiat. Nous pourrons
observer une augmentation du nombre de cas de cancers et autres maladies respiratoires. En effet, les incendies, lorsque la combustion
du bois n'est pas complète, dégagent des foules de molécules, d'hydrocarbures plus ou moins toxiques
L'environnement, quant à lui, ne s'en remettra pas. Les milliers d'hectares incendiés accueillaient
de nombreuses espèces animales (tigre, orang-outan) et végétales. Nous étions en présence
d'une forêt primaire, vieille de plusieurs milliers d'années. De nombreuses espèces étaient propres à ce
milieu, leur disparition risque d'être définitive. Il faudra plusieurs milliers d'années avant de retrouver
un milieu aussi riche en espèces. De plus les risques d'incendies futures demeurent élevés
Déjà des oiseaux migrateurs qui ont eu le malheur de survoler la zone d'incendie ont péri asphyxiés
Lorsque les pluies s'abattront sur la région, elles risquent, sur des sols très asséchés, de provoquer inondation et érosion, de lessiver les composés toxiques déposés sur les routes ou la végétation... d'où une nouvelle pollution chimique des eaux, de la végétation, de la faune et des humains
En attendant que les feux s'arrêtent, uniquement si les conditions météorologiques changent en faveur de la pluie, le gouvernement incite la population à reprendre le "régime de crise traditionnel": insectes, grenouilles, racines, et feuilles de bananiers
Jocelyn Peyret, de la Maison de l'Écologie
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