Caryl Lambert : &Bonjour René, peux-tu nous décrire l'endroit d'où tu appelles ?
René Bernard : Nous sommes actuellement sur l'île
de San Cristobal, à Puerto Baquerizo Morero, qui est l'île
située la plus à l'est. C'est la capitale administrative
de l'île. La deuxième ville, celle où nous
irons la semaine prochaine, Puerto Ayora, est plus importante
d'après ce qu'on nous a dit... Je vous appelle d'un bureau
de poste qui ressemble à un bureau de poste français.
La dame qui tient le guichet me tend le combiné par dessus son bureau
C.L : Je te passe tout de suite Lucas...
Lucas : Combien de temps a duré la traversée depuis Salinas ?
R.B : Pour venir de l'Équateur,
nous avons mis un peu plus de 4 jours, parce que nous avions assez
peu de vent et nous avons dû, comme les autres bateaux,
utiliser notre moteur. Nous sommes arrivés mercredi en fin d'après-midi
Lucas : Êtes-vous dans un port ?
R.B : Nous ne sommes pas dans un port,
mùais plutôt dans un "mouillage", c'est
à dire une petite baie où les bateaux ont mis leur
ancre. Nous sommes 50 bateaux dans ce mouillage et les nuits sont
assez agitées. Il n'y a pas de "vrai" port au galapagos, mais simplement
de petites baies. J'ajouterai que le débarquement est assez
difficile parce que je ne sais pas si c'est à cause des
courants, mais hier, je suis tombé à l'eau en descendant
Lucas : Que veut dire Galapagos ?
R.B : Galapagos, en espagnol signifie tortue. Le nom officiel de l'Archipel est "Archipelago de Colon"
Lucas : Les îles ont-elles toutes un nom ?
R.B : Bien sûr, elles en ont mêmes plusieurs. Un nom espagnol, ou plutôt équatorien,
et pour la plupart, un nom anglais. Parfois, ça peut prêter à confusion
Barbara : Combien de temps restez vous aux Galapagos ?
R.B : Nous resterons 9 jours puisque nous avons mis un peu plus de temps que prévu
La communication s'est malheureusement coupée suite à cette question...
La suite la semaine prochaine...
L'équipage du Saranaïa II vient d'accoster aux îles Galapagos, l'occasion pour nous de faire un point sur cet archipel connu essentiellement pour ses tortues
Les Galapagos sont formées de 13 îles principales plus de nombreux petits îlots et rochersOrigine géologique :
- Superficie : 8006 km²
- Dont Isabele : 4588 km²
- Santa Cruz : 986 km²
- Fernandina : 642 km²
- James : 585 km²
- San Cristobal 558 km²
- Eloreana : 173 km²
- Entre 1 et 5 km² : Rabida, Seymour, Wolf, Bartolomé, Tortuga, Darwin
- Inférieur à 1 km² : 42 îlots et 26 rochers émergés
Climat : de type subtropical, avec 2 saisons
- les îles sont purement océaniques (sans liaison avec la masse continentale de l'Amérique du Sud)
- Elles sont situées sur un plateau basaltique sous-marin, lui-même situé entre 360 et 900m de profondeur
- Elles sont entièrement volcaniques. Un fossé océanique de 3000 m de profondeur sépare les petites îles du nord de celles du sud
Histoire :
- La Garua : saison sèche et fraîche de fin mai à fin décembre, résultant de la remontée des eaux froides de l'Antarctique. Un brouillard couvre le sommet des îles de façon quasi permanente, avec des précipitations sous la forme de bruines légères (c'est la Garua)
- Saison chaude : de novembre à mai. Saison des pluies annuelles en général en janvier, février et mars, avec une hausse de température et de beaux jours plus fréquents
Faune :
- Les Incas furent sans doute les premiers hommes à poser le pieds dans l'archipel
- La découverte officielle remonte à 1535 par Eray Thamas de Berlanga, évêque de Panama qui échoua par hasard sur l'archipel, son bateau ayant dérivé
- Au XVIIème siècle, les îles sont un refuge de pirates anglais en guerre contre les espagnols
- Entre 1780 et 1860, c'est le "royaume" des baleiniers anglais et américains
- En 1832, les Galapagos deviennent Equatoriennes
- Aujourd'hui, l'archipel appartient à l'Équateur, son nom officiel est Archipielogo de Colon
- Gecko et serpents, lézards des laves, Iguanes marins et terrestres, tortues marines et géantes, nombreux oiseaux (cormorans, manchots, albatros, mouettes, pélicans...et bien sur des pinsons)
- Mammifères : chauves-souris, rats, otaries
Jocelyn Perret, chroniqueur écologique mensuel nous ramène sur le continent Sud américain
L'Amérique du Sud est un des plus
gros producteur de café du monde. Rappelez vous ces images
de publicité, le gringo achetant son café directement
au Péones, les indiens du Mexique. Cette publicité
exaltait ce bon café, son odeur, sa confection artisanale,
mais oubliait de nous parler des 10 à 14h de travail quotidien,
payé 12 Frs par jour, que subissent les indiens producteurs
de café. Pas question avec ce maigre salaire de scolariser
ses enfants, il est déjà assez difficile de les
nourrir, et de toute façon, la plupart d'entre eux travaillent aux champs
C'est pour lutter contre cette exploitation qu'existe depuis quelques
années un nouveau type de commerce: le commerce équitable. Il s'agit en fait de changer la hiérarchie habituelle du
commerce et de traiter directement avec les petits producteurs
ou avec leurs coopératives. Le contrat est clair : les producteurs s'engagent à fournir
un café biologique, c'est à dire sans pesticide
et de bonne qualité, les acheteurs à payer au double des cours habituels. Un commerce somme toute bénéfique pour les indiens
dont les revenus augmentent, pour l'environnement et pour nous, consommateurs et amateurs de bon café
N.B. : sur Lyon, vous pouvez trouver ces cafés à la maison de l'écologie, chez Artisans du monde,...
En 1831, Charles Darwin, jeune naturaliste anglais, obtient un poste sur le "Beagle", navire en partance pour les mers du Sud
Jusqu'en 1836, Darwin observera, collectera et découvrira nombre de végétaux, minéraux et animaux jusqu'alors inconnus de la science. Il est fasciné par l'adaptation des espèces à leur environnement
C'est au Galapagos, en 1835, qu'il constatera au mieux cette formidable faculté d'adaptation qu'ont les espèces vivantes
Objet de ses études : les pinsons. Darwin s'aperçoit que 13 espèces de pinsons cohabitent sur l'archipel. Pour éclaircir et simplifier ses études, on pourrait raconter l'histoire d'un couple de pinsons, qui, par un beau matin d'été s'installa sur en des îlot des Galapagos. Ce couple de pinsons était amoureux, ils eurent de nombreux enfants qui eux mêmes copulèrent joyeusement sous le soleil des tropiques. Arriva un jour où l'ilôt devint trop petit, et la nourriture trop peu abondante pour nourrir la grande famille pinson. Certains donc émigrèrent sans difficulté vers les ilôts voisins, les douanes n'existant pas; mais les ilôts voisins étaient différents, et les pinsons changèrent en fonction de l'environnement. Certains firent durcir leurs becs, d'autre gonflèrent leur plumages, jusqu'à former 13 familles distinctes, toutes en adéquation avec leur milieu
Ce n'est qu'en 1859, fort de ses nombreuses observations que Darwin signa son ouvrage le plus célèbre : "L'origine des espèces"
La théorie de Darwin ressemble à l'histoire des pinsons, à ceci pres qu'elle inclut les variations des espèces avantageuses ou désavantageuses. Ainsi, c'est toujours l'espèce la mieux adaptée qui survit, au détriment des autres. Cette vision du monde animal et végétal, où ne survivent que les plus forts, est depuis reconnue comme juste, et corroborée par l'ensemble du monde scientifique. C'est sur cette théorie que s'appuient nombre de fascismes, arguant du fait que l'homme appartient au monde animal. Ils brandissent donc la théorie du naturaliste pour justifier l'élimination des juifs, le renvoi des immigrés ou encore une guerre ethnique. Il s'agit donc de nous présenter la vie humaine, la vie en société comme une guerre permanente, un combat pour la survie, ou n'existerait plus qu'une règle: la force. Seulement voilà, une fois de plus, le fascisme se nourrit d'une lecture simple et caricaturaleRelisons Darwin :
Outre la différence d'idéologie exprimée ici par Darwin, face à ceux ayant voulu s'approprier sa théorie, Darwin évoque "la simple raison"- "A mesure que l'homme avance en civilisation et que les petites tribus se réunissent en communautés plus nombreuses, la simple raison indique à chaque individu qu'il doit étendre ses instincts sociaux et sa sympathie à tous les membres de la même nation, bien qu'ils ne soient plus personnellement connus. Ce point atteint, une barrière artificielle seule peut empêcher ses sympathies de s'étendre à tous les hommes de toutes les nations et de toutes les races"
Cette simple raison, c'est l'intelligence, et c'est la différence entre l'homme et l'animal. On ne peut pas "présenter comme juste pour la société ce qui est naturel dans le monde animal" (Philippe Forest). On dit plus simplement : je ne suis pas un pinson, je suis un être humain...
L'internet, le web, le multimédia, tout cela peut faire un peu peur, c'est coûteux, pense-t-on difficile à utiliser quand on n'est pas un as de l'informatique, et puis c'est un gadget, on n'a pas besoin de ça pour la classe, il y a déjà suffisamment de choses passionnantes à faire, dessins, musiques, poèmes, reportages. Précisément, l'internet permet de motiver chacun à dessiner, à écrire, à faire de la musique et à échanger tout cela avec des correspondants du monde entier. L'internet, c'est trois choses au moins, que nous allons essayer d'utiliser, c'est vraiment le commencement, dans le suivi du voyage de Saranaïa II à l'école Jules Verne et avec les autres écoles, collèges et lycées qui voudront nous rejoindre au cours des années 97 et 98 dans le sillage du bateau
C'est d'abord un fantastique instrument de documentation. Avec un peu d'astuce, on peut trouver à peu près toutes les réponses qu'on cherche tout au long du voyage : astronomie, les animaux rares des Galapagos ou d'Australie, l'histoire de l'Afrique du sud, les profondeurs des océans, Christophe Colomb, l'histoire de l'esclavage.... Des recherches par mots-clefs nous permettent de trouver de la documentation, et pas seulement en anglais, sur la plupart des sujets
Et il y a aussi les serveurs
-en anglais hélas- du voyage auquel participe Saranaïa
et de l'expo'98 de Lisbonne
On y trouve aussi plein d'infos sur les programmes éducatifs de la télé
Ensuite, l'internet permet de s'écrire entre classes ou associations, du monde entier. D'une boîte aux lettres électronique de Villard de Lans on envoie au Québec des photos de montagne, et on reçoit des interviews faites à Montréal. Les enfants de l'école primaire de Piquecos, dans le Tarn et Garonne,ont reçu depuis un an des centaines de messages d'encouragement venus du monde entier, qu'ils nous donnent à lire dans leur livre d'or
Enfin, internet permet aux élèves
des écoles de publier des documents, textes, images, sons,
reportages, qu'ils ont eux-mêmes conçus et qu'ils
peuvent montrer au monde entier, ils peuvent travailler en commun
avec un établissement d'un autre pays pour par exemple
approfondir l'étude des traditions populaires, des fêtes,
de la vie quotidienne
- Établissements de la Loire sur Web for schools, un projet
européen génial auquel participent aussi dans
notre région le collège
Georges Brassens de Décines, le lycée Flesselles de la Croix Rousse
- C'est aussi le réseau des jeunes reporters pour l'environnement,
sur le serveur de l'académie de Lyon (bien surveiller le lycée Jacob Holtzer de Firminy)
Les pages de notre voyage sont, bien sûr, il ne faut pas les oublier, visibles sur Internet. Sur ces pages, pourront s'ajouter, avec vous tous au fil des mois des quantités d'informations passionnantes glanées un peu partout sur les traces des marins de Saranaïa. Bon vent à tous sur Internet !
D'après les propos de Patrice Berger, tenus lors de l'émission