Trouvé dans une antique boîte aux lettres d'un gynécée désaffecté Mon pouce, mes lèvres... Ta langue suce mes lèvres, et mon pouce n'y peut rien. Mon pouce goûte d'autres lèvres, S'attardent sur ces lèvres, s'enivrant de miel divin. Hors mon pouce et mes lèvres, L'on me caresse en vain Je ne sens que les mains qui viennent baiser mes lèvres ... Alors mon pouce se lève, Petit noyau carmin, Emergeant de mes lèvres, ce doigt-là n'en est plus un. Du bout des bras à l'entrejambe ambrée Mon pouce voyage... Et quand je suis moins sage, Il s'aventure jusqu'au siège d'une plus étrange volupté Ambidextre, d'ambulatoire ambiguïté, Mon pouce règne en maître dans mon jardin secret, Cet Eden où je glisse peut-être vers un enfer caché... Je sais bien que mes lèvres entr'ouvertes n'aspirent qu'à des amours damnées, Il m'importe, S'il me fallait renaître, c'est à tes lèvres, Femme, que toujours je reviendrais