CHAPITRE 4
A ce rythme-là, jamais je n'aboutirai dans ma démarche !
Si à chacun de mes pas je re-foule mes angoisses, tout cela me dirigera droit vers mon passé tourmenté au lieu de m'amener, au pire, de l'autre côté de ma vie.
Il faudrait que je me penche sur un corps étranger.
Il faudrait aussi que je n'ôte pas à la nature toute sa beauté qui m'inonde d'autant plus que, allons bon, il se met à bruiner.
Et monte la musique qui me séduit comme une aubade, qui me fait lever la tête, les yeux, le regard, sur les feuilles à percussion et les bourgeons au diapason.
Je ne distingue rien, je devine seulement : le lierre grimpant le long des centenaires, les buissons odorants avec derrière des êtres qui se terrent.
Je suis si seule, pourtant.
Mais ne l'ai-je pas déjà trop crié ?
Je l'ai clamé en vers, je l'ai hurlé en pleurs, et j'en ai ri aussi. Sans que jamais je sache, pourquoi j'avais si peur "?
Plus que la solitude c'est l'abandon qui me terrasse, quand tous mes espoirs d'être aimée tombent dans un lac d'indifférence. D'ailleurs, effectivement me rétorqué-je, à quoi bon!
Alors la nuit n'en finit pas d'être noire...
Mais le soleil se lève et se relève toujours pour éclabousser de lumière ma lassitude de ne pouvoir reposer. Je m'étire alors, comme un archer bande son arc, et jusques au soir mon corps lance à travers la ville les preuves de son activité.
Je parle de solitude et de désespérance mais les délie de ce rapport de cause à effet par lequel d'aucuns chercheraient à les acoquiner. Mon enfance en retrait m'a permis d'imaginer assez pour être toute absence sans me néantiser.
Non ! Je ne suis rien qu'humaine en ces ultimes plaintes. Sans trop ni trop peu de remords ou de regrets, en ces derniers instants, juste avant que l'on me fauche si je tarde à me défendre...