CHAPITRE 2
Un autre pas, vers son trépas.
Peut-être, et puis peut-être pas. Après tout, lui aussi peut-il savoir toucher, cet homme qui reste beau même en arrière-pensées.
J'ai le tort de n'avoir su m'isoler à temps ; je me suis attendrie, il m'a effeuillée, après je lui ai dit que je ne pourrais vivre sans lui...
En voilà des bêtises ! Et je me reconnais bien là, demoiselle naïve qui croyait tout donner rien qu'en tendant ses bras fluets. Qui me touche me prend! Depuis je vis seule, on ne m'y reprendra plus, je suis insaisissable. Je ne laisse qu'aux vagues le soin de me bercer. Je ne couche qu'avec mon être, et si parfois un corps vient s'y greffer je le rejette sitôt le jour levé, par force immunité.
J'ai eu un enfant, pourtant. De ce vieil insolent qui rumine comme moi, en comptant ses pas et ses ressentiments. En aura-t-il au moins dix, de reproches à me faire? Je ne crois pas. Je lui en accorde la moitié, pour mes cinq double-sens que je ne lui ai voués qu'à demi...
Maintenant je pressents mes amants, je préviens mes amantes, et j'entraîne mes atomes au jeu de l'attirance. Mais qui peut se contenter de ces égards abstraits! Et voilà pourquoi je n'ai pas d'âme soeur.
Et je marche solitaire, sur ce chemin ici, même si m'accompagnent vers la mort un assassin en puissance et nos quatre témoins.
Quel drame, Mesdames !
A en pleurer de rire.
Quand même je me retiens.
Surtout qu'il faut compter. Et c'est sérieux, l'arithmétique !
Or donc : un, deux, et...